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L’année 2024 a marqué un tournant mémoriel majeur pour la France avec la 80ème commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane, un événement tragique de la Seconde Guerre mondiale qui continue d’incarner le souvenir des horreurs nazies en France. Ce Village Martyr, situé dans le département de la Haute-Vienne, a été le théâtre d’un massacre effroyable le 10 juin 1944, où 643 hommes, femmes et enfants ont été brutalement assassinés par une division SS allemande. Les ruines du village sont aujourd'hui un mémorial figé dans le temps, conservé comme un symbole du souvenir et de la paix. Benoit Sadry, président de l'ANFMOG ( Association Nationale des Familles de Martyrs d'Oradour) revient sur les temps forts qui ont ponctué l'année 2024.
L’année 2024 a été l’occasion de rendre hommage aux victimes et de réfléchir à l’importance du devoir de mémoire. De nombreux événements et cérémonies ont été organisés tout au long de l'année, tant au niveau local que national, pour honorer la mémoire des disparus et sensibiliser les jeunes générations à l'histoire.
205 arbres en hommage aux 205 enfants victimes de la barbarie nazie.
« L’ANFMOG et la Mairie d’Oradour-sur-Glane ont souhaité que le premier temps fort de l’année mémorielle 2024 mette en avant la jeunesse puisque c’est elle qui sera demain la gardienne de la mémoire. Ainsi, en collaboration avec des agents de l’Office National des Forêts, les enfants de l’école d’Oradour ont symboliquement planté sur le site des Carderies une forêt mémorielle de 205 arbres en hommage aux 205 enfants morts dans le massacre. Cette opération a été possible grâce notamment au concours du Fonds Forestier en Limousin, de Fransylva et du SNPF. »
La création d’un arbre de vie est un projet participatif des services municipaux de la ville d'Oradour-sur-Glane : l'arbre est composé de 643 feuilles en hommage aux 643 martyrs.
L’inspiration et l’initiative sont venues des services municipaux. L’arbre de vie revêt une symbolique forte qui traverse de nombreuses cultures touchant ainsi à l’universel. Dans le cadre de l'hommage aux victimes, la signification est encore plus profonde : c'est à la fois le passé, le présent et le futur. L'arbre de vie honore les victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane et permet aux générations futures de ne pas oublier.
La structure a été réalisée par le personnel communal et installée sur le rond-point de l’Ordre national du Mérite.
Dans le cadre des 80 ans du massacre, l’ANFMOG et la mairie d’Oradour-sur-Glane ont fait réaliser une fresque commémorative en mémoire des enfants disparus dans la tragédie. Cette œuvre a été peinte sous le préau de l’école par l’artiste locale Sema Lao, avec la participation des écoliers d’Oradour-sur-Glane.
"Cette fresque représente d’abord une vue de l’ancienne église avec des femmes et des enfants afin d’évoquer le drame, puis, successivement, la vie dans les baraquements provisoires, la pose de la première pierre du nouveau village par Vincent Auriol, le Grand Prix cycliste de la Renaissance avec Raymond Poulidor, les fêtes de l’école et le football, et, enfin, une scène avec un petit garçon portant des habits aux couleurs de la France et une petit fille portant celles de l’Allemagne des mains desquels s’échappe une colombe avec, en fond, les étoiles du drapeau européen en fond.
A l'initiative de la ville d'Oradour-sur-Glane, la manufacture de porcelaine Bernardaud et le créateur de mode Jean Charles de Castelbajac ont associé leur talent pour honorer la mémoire des victimes. Les colombes en porcelaine ont été numérotées et offertes aux délégations et personnalités venues du monde entier le 10 juin 2024. Une colombe a rejoint la bibliothèque de la salle du conseil municipal de la mairie. . Implanté depuis plus de 50 ans à Oradour-sur-Glane, Bernardaud avait à cœur de contribuer à l'hommage aux victimes. Faire appel à l'artiste et créateur Jean Charles de Castelbajac était une évidence, tant les liens de ce dernier avec le limousin ne sont plus à démontrer. Et c'est durant le processus créatif du célèbre couturier que l'appellation poétique "Oramour" a émergé.
Le 10 juin 2024, jour anniversaire du massacre, a été le point culminant de cette année mémorielle. Une cérémonie officielle solennelle a eu lieu dans les ruines du village, en présence de nombreuses personnalités, dont le président de la République française. Près de 3 000 personnes ont rendu hommage aux victimes, parmi lesquelles la Ministre de la Culture Rachida Dati, la secrétaire d’Etat en charge des Anciens Combattants et de la Mémoire, Patricia Mirallès, ainsi que de nombreux représentants diplomatiques, politiques et associatifs d’une dizaine de pays, parmi lesquels l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Ukraine, l’Angleterre, la Pologne, l’Espagne, la Corée du Sud, l’Italie, la Slovénie, la Belgique.
Avec la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD), la mairie d’Oradour et l’association Oradour Histoire Vigilance Réconciliation, l’ANFMOG a pris part à l’organisation du 5ème colloque international du réseau des Villes Mémoires.
Créé en 2016, à l’initiative de Patrice Vergriete, président de la CUD, ce réseau rassemble une vingtaine de villes à travers le monde et entend fédérer des territoires qui se sont relevés après avoir subi le chaos des guerres. L’objectif de ces échanges est d’engager une réflexion et un débat à partir de la reconnaissance de nos expériences et spécificités à travers l’organisation de tables rondes autour notamment des thématiques d’aménagement, de reconstruction, d’urbanisme, de culture, de patrimoine, de tourisme de mémoire, d’attractivité des territoires ou de résurgence des sentiments nationalistes.
Soutenu financièrement par la région Nouvelle-Aquitaine, ce colloque international s’est tenu à la Maison de la Région à Limoges avec les représentants des villes suivantes :
Trois tables rondes étaient proposées aux participants, à savoir :
Les échanges du réseau initial se sont enrichis au fil des années de la présence de la jeunesse lors de ces rencontres. Cette année, 40 jeunes de Dunkerque, de Krefeld, de Boutcha, de Limoges et d’Oradour ont travaillé en amont sur un projet soutenu par le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères et qui s’intitulait « Les jeunes à l’assaut de la paix ». Ils ont ainsi présenté, chacun dans leur langue, en clôture du colloque, ce Manifeste pour la Paix:
« Souvenons-nous, il y a 80 ans, l’horreur frappait à Oradour-sur-Glane.
Nous sommes la première délégation de jeunes européens du réseau des villes mémoires de Krefeld, Dunkerque, Boutcha et Oradour-sur-Glane à se mobiliser pour la paix.
Souvenons-nous, Oradour, tu étais conviviale, chaleureuse, vivante. Et ils sont arrivés.
Souvenons-nous, quand tu cherchais du regard tes proches.
Souvenons-nous, quand tu entendais des tirs, des cris.
Souvenons-nous, de toute cette douleur, de ces pleurs, de cette peur.
Souviens-toi, Oradour, ils t’ont volé ton âme.
Aujourd’hui, nous nous souvenons et nous te t’oublierons jamais.
Souvenons-nous, des pays envahis pendant la seconde guerre mondiale. La douleur, la souffrance et la détresse.
Souvenons-nous de la première Convention de Genève pour prévenir les violences, pour donner aux civils de l’aide en temps de guerre.
Parlons de la paix, sachons où se trouvent les limites. Levons-nous pour les défendre.
« Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter ». Georges Santayana
Levons-nous pour la paix, c’est une nécessité.
Souvenons-nous, le mot « fraternité » devrait réunir toutes les nations et nos voisins pacifiques
Créons une connexion entre jeunes du monde entier comme nous l’avons fait entre Ukrainiens, Français, Allemands.
Comprenons la réalité de la vie des ukrainiens.
Ecoutons les bombes s’abattre sur nos foyers.
Imaginez l’horreur du champ de bataille et les pleurs des mères.
Ouvrez les yeux comme nous.
Levons-nous ensemble pour la paix.
Souvenons-nous.
Le manque de conscience et le mépris des droits de l’Homme.
Les villages détruits d’Oradour-sur-Glane, Boutcha et beaucoup d’autres.
Ukrainiens tués et assassinés.
Villes paisibles devenues royaumes de l’enfer.
Puissent les nations être unies pour la paix et préserver l’indépendance.
Ukrainiens, Français et Allemands, nous avons tous des histoires en commun.
Un monde en paix, sans obscurité, c’est pour cela que nous nous levons.
Nous ne savons pas ce qui se passera dans le futur mais nous en faisons tous partie.
Souvenons-nous, que l’Europe se dresse contre les temps sombres.
Notre unité aujourd’hui et demain doit nous aider à surmonter tout défi.
Honorons la mémoire de ceux qui sont morts en nous engageant pour une Europe unie.
Une Europe où la paix est valorisée, et nos différences nous rendent plus forts.
L’union fait la force.
Ensemble, assurons-nous que le monde reste un lieu de paix pour les générations futures.
Souvenons-nous de la citation du général de Gaulle : « Pour réparer et conserver le souvenir, nous devons rester ensemble »
Souvenons-nous,
Opposons-nous,
Levons-nous,
Ensemble.
Récoltons la parole des jeunes des différents pays, qui ont des histoires et des cultures différentes ;
Comprenons que l’amitié et l’union entre les pays sont essentielles ;
Construisons la Paix en travaillant ensemble, en se respectant et en apprenant les uns des autres ;
Appliquons-nous à nous comprendre les uns les autres pour que nous puissions transformer l’hostilité en paix ;
Rappelons-nous du passé pour maintenir la paix pour le futur.
Nous sommes, toutes et tous, le FUTUR.
Souvenons-nous,
Opposons-nous,
Levons-nous pour la PAIX !
Ensemble ».
Benoit Sadry
Bureau d’accueil de Rochechouart
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